Charles Jombart
D1 : Un rêve devenu accessible
Le RC Lens Féminin a débuté l'année par trois victoires en autant de journées dont, notamment, une victoire remarquée lors du derby à Luchin. Les artésiennes, bien que cinquièmes de D2F, ont ainsi réduit l'écart avec un quatuor qui semblait indéboulonnable il y a encore un mois. Les ambitions lensoises sont-elles revues à la hausse ? On est en droit de rêver.

RC Lens Féminin, de l'ombre à la lumière
5 septembre, 16h50. Les joueuses du RC Lens Féminin, la tête basse, quittent le terrain de l'historique Stade Marcel Saupin après une lourde défaite inaugurale (3-0) face à des nantaises favorites à la montée. Dans les têtes, sans doute de la déception et une prise de conscience du chemin restant à parcourir pour espérer quelque chose dans un groupe A de D2F relevé.
L'objectif affiché d'un podium semblait alors illusoire et il n'y avait guère que Sarah M'Barek pour y croire. Le doute sur le niveau réel de l'équipe perdurait le temps que les résultats ne venaient pas, avec notamment des matchs nuls face à des équipes jugées prenables ou des scénarios de matchs improbables. Après avoir mangé son pain noir, l'équipe artésienne voyait enfin la lumière en battant le leader havrais de très belle manière (3-1) et poursuivait l'embellie avec deux autres succès probants, à Saint-Maur (1-3) et à Orléans (1-4).

Le RC Lens Féminin dépassé à Nantes (crédits : Manu Cahu)
On y voyait enfin plus clair sur les véritables capacités de cette équipe et ce ne sont pas deux accrocs avant la trêve hivernale, notamment une défaite rageante face à Strasbourg (0-1), qui allaient tout remettre en cause.
L'objectif annoncé semblait encore irréaliste et Sarah M'Barek, tout en restant ambitieuse, parlait désormais de top 5 mais avait peut-être déjà une autre idée en tête.
Alignement des planètes
2022 débutait par une belle affiche de Coupe de France face au Stade de Reims, solide équipe de D1 Arkema ; l'occasion pour le RC Lens Féminin de se jauger par rapport à l'élite française. Les filles de Sarah M'Barek allaient alors faire plus que rivaliser, tenant tête aux rémoises et arrachant l'égalisation sur un superbe coup-franc d'Emma Smaali. Malheureusement, à l'expérience, le Stade de Reims finissait par l'emporter (1-3). Malgré l'élimination, on sentait que l'équipe avait franchi un palier et on était impatient de voir la confirmation en championnat.
La confirmation venait dès le week-end suivant lors de la réception de Saint-Malo. Le RC Lens Féminin menait rapidement de deux buts grâce à un doublé de Pauline Cousin mais connaissait une grosse baisse de régime jusqu'à la réduction du score bretonne à dix minutes de la fin du match. Il aura fallu une Justine Rousseeu impériale pour garder l'avantage jusqu'au bout (2-1) et prendre trois points qui allaient installer les Sang et Or à la cinquième place.
Les victoires dans la douleur sont souvent les plus belles et quoi de mieux qu'un derby engagé pour le confirmer. A cinq points du LOSC, candidat à la montée, les artésiennes étaient loin d'être favorites et l'ouverture du score rapide de l'ancienne arrageoise Carla Polito n'arrangeait rien. Face à la supériorité physique et technique lilloise, les filles de Sarah M'Barek opposait un état d'esprit déjà salvateur et Pauline Cousin, déjà double buteuse la semaine précédente, montrait la voie en égalisant d'une jolie reprise du gauche. Les doguettes, rarement bousculées, perdaient quelque peu leurs moyens et Emma Smaali, puis Christy Gavory, trouvaient les montants de Launay. Lille repassait devant et menait à la pause. Loin d'être abattues, les lensoises recollaient au score dès le retour des vestiaires par l'intenable Pauline Cousin, qui retrouvait ses réflexes d'ancienne attaquante sur un service de Namnata Traoré. Un vent de folie soufflait alors sur le domaine de Luchin et l'ancienne marseillaise s'offrait même un triplé dans la foulée d'une reprise du droit dans la lucarne. Les lilloises, un genou à terre, n'allaient pas revenir et le RC Lens Féminin s'adjuger son premier derby (2-3). L'équipe féminine du Racing Club de Lens n'était alors plus qu'à deux points de son rival et cinq points des équipes de tête. Serait-ce l'acte fondateur d'une nouvelle ambition ? Malgré l'euphorie, le mot « montée » n'était pas encore prononcé mais celui, plus humble de « confirmation ». Une autre bonne nouvelle était quelque peu occultée, celle du retour de Marie Schepers dans le groupe après une longue absence, qui jouera même ses premières minutes de la saison dans ce derby.
Autre retour d'importance, celui de Jennifer Meunier qui, avec celui de Marie Schepers, va offrir plus de qualité dans le onze de Sarah M'Barek et apporter l'expérience nécessaire pour ne pas répéter certaines erreurs de la phase aller. Les deux joueuses étaient d'ailleurs alignées d'entrée lors de la réception de Vendenheim dimanche (5-0). La faible opposition alsacienne ne permet pas une analyse parfaite mais Marie Schepers a réalisé un match solide, récupérant beaucoup de ballons et rassurant une défense Boquet-Legrand peu habituée à jouer ensemble. Le retour de Jennifer Meunier va permettre de faire jouer Fany Proniez plus haut et permettre une rotation devant.

Marie Schepers, comme une recrue
Dans le dur une bonne partie du début de saison, le RC Lens Féminin est enfin récompensé de son travail et va disposer d'un groupe quasiment complet pour cette fin de saison. Il pourra peut-être même compter sur l'expérience de Tess David qui est bien avancée dans sa remise en forme et pourrait avoir une carte à jouer dans le sprint final. Les planètes semblent enfin s'aligner pour l'outsider lensois qui n'aura rien à perdre.
De trouble-fête à favoris ?
Longtemps éludé, le mot « montée » n'est plus vraiment tabou. Les joueuses de Sarah M'Barek ont montré qu'elles étaient capables d'embêter les équipes de têtes ; elles ont battu Le Havre (3-1) à l'aller, arraché un point face à Metz (2-2) et renversé le LOSC à Luchin (2-3) après un nul courageux au match aller (0-0). On ne peut plus réellement parler d'exploits isolés.
Le match retour déjà joué à Luchin, le RC Lens Féminin aura encore trois équipes de ce quatuor de tête à affronter, soit autant d'occasions de réduire l'écart. Ce marathon débutera dès dimanche à Metz, se poursuivant au Havre dans un mois et se terminant par la réception de Nantes lors de l'ultime journée, match pour lequel Sarah M'Barek espère « être toujours en course » (L'Avenir de l'Artois). Il faudra surtout prendre le plus de points possibles face aux autres équipes et éviter les scénarios « à la Vendenheim », trop vus lors de la première partie de saison. Si Lens ne devra s'occuper que de lui-même, les équipes de têtes s'affronteront également entre elles et laisseront nécessairement des points dans la bataille.
Quoiqu'il arrive, cette fin de saison sera passionnante et, les mauvaises langues peuvent toujours parler, le championnat de D2F est un championnat de haut niveau. Faites-nous vibrer mesdames !